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Santé des écosystèmes : Quand l’écologue devient médecin… parfois urgentiste

Photo couverture : Humanité et Biodiversité

L’approche actuelle de l’écologie et de l’étude écosystémique se base sur une notion de « santé des écosystèmes » : santé des océans, bon état écologique des cours d’eau, bon état écologique des zones humides… Et si c’était bien la bonne approche, que ce soit pour les milieux et espèces mais aussi pour les professionnels du secteur ?

Une approche qui bouleverse certains codes

Parler de santé des écosystèmes implique qu’il y a « mouvement » et « interdépendance ».

Comme le corps humain, la santé ne se repose pas dans un corps à l’état inactif. Pour qu’il y ait santé dans le corps humain, il faut qu’il y ait mouvement dans l’espace – se nourrir, se déplacer / faire du sport – et mouvement dans le temps – grandir, mûrir, mourir -. Il en est de même pour les écosystèmes, la dynamique de ces derniers est aussi importante que l’état de diagnostic à un instant t. Alors, nous acceptons qu’un milieu évolue, nous le souhaitons, même ! Cela remet en question l’idée de « mise sous cloche » de politiques environnementales comme celles des parcs nationaux ou des Arrêtés de Protection de Biotope. Le but n’est pas de critiquer, le but est d’encourager à la réactualisation de ces points de vue à l’aune des nouvelles connaissances disponibles depuis leur création.

Egalement, la santé repose sur une interdépendance. Dans le corps humain, tout est imbriqué : s’il est important d’avoir un cerveau, d’avoir un cœur, d’avoir un rein… A quoi cela sert-il d’avoir un cerveau si le cœur ne fonctionne pas, d’avoir un cœur si le cerveau ne fonctionne pas, etc, etc, etc… La santé des écosystémiques repose sur les mêmes principes d’interdépendance : pourquoi avoir seulement des espèces emblématiques si l’on n’a plus les espèces ordinaires qui font les milieux où les emblématiques vivent ? La santé des écosystèmes requestionne donc cette approche « par espèces » sans, encore une fois, la juger comme mauvaise, mais peut-être comme l’évolution de cette approche.

Vers une approche « sols »

Enfin, la santé des écosystèmes peut adresser la bonne perspective pour résoudre le problème de l’érosion de la biodiversité. Est-ce que pour protéger une espèce, il faut protéger l’espèce où le milieu dans lequel elle vit ? Et donc pour protéger le milieu dans lequel elle vit, faut-il protéger un instant T ou… des fonctions qui permettront, à une échelle plus ou moins long terme, d’atteindre ce milieu ? Là est peut-être l’objet le plus intéressant de la notion de santé des écosystèmes. Prenons l’exemple du corps humain : une main blanche, au lieu d’être « rose » par exemple, est parfois signe de mauvaise santé… Il y a donc un problème. Mais ce problème est-il réglé en mettant du fond de teint rose sur la main ou en redressant la clavicule qui empêchait la mauvaise circulation du sang… ou en diminuant le café car le patient a la maladie Reynaud ? Oui, un problème de santé humaine peut avoir une source très éloignée du problème diagnostiqué. L’écologie a le même besoin d’approfondir les causes de l’érosion de la biodiversité : appauvrissement des sols, artificialisation, pollution… et donc mœurs humaines sociales ! Là est peut-être l’avenir pour résoudre le problème d’érosion de la biodiversité !

 

Une approche qui facilite les messages vis-à-vis de la population

Comme on le voit, on peut se dire que cela ne sert à rien de sauver une espèce. Non ! C’est toujours positif de sauver une espèce. Peut-être qu’il faut aller un peu plus loin que l’espèce, un peu comme l’on souhaite connaitre le mode de production d’un aliment qu’on achète (la traçabilité !).

Ce qui est sûr, c’est que parler de santé des écosystèmes, c’est rapprocher les écosystèmes de l’Homme… jusqu’à intégrer l’Homme dans l’écosystème. Un individu profane sur le sujet de l’écologie a peut-être du mal à comprendre pourquoi il faut préserver des zones de gagnage, mais aussi des zones de reproduction, et finalement des bords de rivière et des corridors de déplacement… La notion de santé des écosystèmes peut aider à faire comprendre le pourquoi des actions. L’écologue n’est plus simplement un doux-dingue (merci Aurélien Barrau) qui aime les animaux et vit dans les nuages :

  • S’il existe une santé des écosystèmes, l’écologue est donc un médecin de l’environnement, un professionnel de la santé, au même titre que les infirmiers, les ostéopathes ou les vétérinaires ;
  • La restauration écologique, ou l’art de « remettre en état » des milieux naturels, s’apparente-t-il alors à de la chirurgie ?
  • Le changement de pratique agricole s’apparente-t-il à la diététique ou la naturopathie, ainsi ?
  • Un opérateur de compensation / ERC devient-il alors un pharmacien du territoire ?
  • Un urbaniste devient-il un conseiller d’orientation ??
  • Allons plus loin, même : Les revendications du milieu hospitalier (manque de moyens, surmenage, sous-effectifs) ne sont-elles pas les mêmes revendications que les professionnels de l’environnement ? Peut-être est-ce parce qu’il s’agit du même problème à traiter : la santé.

Une approche qui renverse les méthodes et réattribue les rôles

Comment mesurer alors la santé d’un écosystème ? Comment soigner un écosystème ?

L’approche par fonctions des écosystèmes apparait pertinente pour pouvoir soigner plus de problèmes. Egalement, revenir à la notion des sols et son ingénierie parait nécessaire désormais.

Ces perspectives – et les nouvelles connaissances – redonnent une nouvelle valeur à des espèces qui sont déconsidérées depuis toujours. Si l’on s’est beaucoup concentrés sur les éléphants et les pandas, le rôle des espèces ordinaires – vers de terre, micro-organismes – est revalorisé.

Et OXAO dans tout ça?

OXAO réalise des opérations de restauration écologique et peut donc être considéré comme un chirurgien. OXAO promeut des structures ERC sur chaque territoire et donc la création de « pharmacies territoriales ». La société incite au changement de pratique agricole et donc fait de la naturopathie. Enfin, OXAO travaille sur l’artificialisation des sols et donc insiste sur la prévention et les « bons gestes au quotidien »

OXAO travaille donc pour la santé des écosytèmes, et donc celle de la biodiversité, et donc celle de l’Homme… ce qui veut dire de notre santé. Mais cette fois, de Notre avec un grand N.

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